L’action, dans les univers développés par Renaud Bézy et Nicolas Tilly, se déroule dans un « après ». Après les jeux vidéo ou après les technologies, après que les hommes aient déserté le monde, les villes. La musique répétitive, dans « Chain Reactions » de Renaud Bézy, nous évoque les jeux vidéo d’antan, durant que dans l’image une porte s’ouvre sur un couloir qui se termine par une autre porte qui s’ouvrira à son tour, sur un autre couloir. Il n’est plus question, ici, ni de règle ni de jouabilité. Le spectateur, hypnotisé par le flux régulier des images, n’a d’autre alternative que de suivre un travelling sans fin. Quant aux facettes polygonales de « La Bête-Monde » sculptée par Nicolas Tilly, elles témoignent de l’évolution de notre perception des technologies car les polygones, tout comme les pixels, ont été considérés tels les signes d’une nouvelle esthétique avant de disparaître sous la puissance de calcul des machines. Signe des temps, polygones et pixels réapparaissent aujourd’hui, sous des allures quelque peu vintage. Ou quand les technologies intègrent le sujet de la représentation. Et puis, il y a la parcelle de « Paysage », dont Nicolas Tilly nous dit qu’elle a été ingérée par « La Bête ». Est-elle déserte ou a-t-elle été désertée comme le sont les paysages de Renaud Bezy ? L’action, dans « Les Incrustes » de ce dernier, se déroule encore dans un « après ». Après quelques catastrophes ou cataclysmes, quand la nature reprend ses droits sur le béton. Signe des temps, toujours, les pratiques de ces deux artistes oscillent entre dessin, peinture, installation et vidéo où l’imaginaire l’emporte dans leurs représentations d’un « après », ou peut-être d’un « ailleurs ».